Téléchargez les actes du cycle de séminaires :
L’Histoire de la formation dans les contextes de décolonisation
Coordination Jacques Denantes
1ère séance : mardi 21 mai 2013
Préparer et assurer les relèves
Sous le régime de la domination coloniale, l’encadrement de l’administration et celui des services publics étaient largement assurés par des Français. L’accession à l’indépendance a posé brutalement la question de leur prise en charge par des cadres nationaux. D’une part l’évènement de l’indépendance entraînait pour chaque pays la nécessité de la rendre visible dans les bureaux et sur le terrain. D’autre part la plupart des cadres français, non préparés à un changement radical et n’ayant plus d’avenir localement, avaient demandé leur retour en France.
Cependant les nouveaux gouvernements étaient soucieux d’organiser la continuité. Dans la plupart des cas où l’indépendance résultait d’une négociation avec l’ancienne puissance coloniale, des accords avaient prévu des prestations de personnels qualifiés dont la mission était d’assurer cette continuité tout en formant ceux qui devaient les remplacer : c’est ce qu’on a appelé la coopération.
Après l’introduction du cycle par Roland Colin et celle du séminaire par Jean Bernard Payet qui animera la séance, deux exposés seront suivis par un débat sur le thème du séminaire Préparer et assurer la relève :
- Sociétés d’électricité d’Afrique francophone : Actions de formation d’EDF (1960-1996) par Jacques Combe, Electricité de France, responsable des actions de formation et de perfectionnement hors de France (1980-1990)
- En Tunisie, le passage de l’administration directe à la coopération (1956 – 1962) par Jacques Denantes, directeur de Port de Tunis (1957-1958) puis directeur de la SCET Tunis (1958-1964)
Dans le cadre de l’accession à l’indépendance des pays anciennement colonisés, il y a eu un très grand nombre d’actions de ce type. Des fiches sont en cours de préparation pour rendre compte de leur diversité. Elles seront accessibles sur le site Internet du GEHFA et sur celui du Centre de Documentation sur la Formation et le Travail du CNAM.
2ème séance, mardi 8 octobre 2013
Relever les défis de l’indépendance
Le défi de l’indépendance, c’est que l’autorité coloniale formellement disparue, une autorité nationale se trouve en mesure d’assurer la cohésion du pays dorénavant maître de ses choix ; et plus encore, que puissent se libérer et prendre force les dynamiques susceptibles d’ouvrir à toutes les populations les voies du développement.
Dans le contexte particulier de la Nouvelle Calédonie, on sait comment les antagonismes exacerbés depuis un siècle firent place soudain, en 1988, au dialogue et à la volonté de bâtir ensemble un avenir commun. Dans ce contexte, l’indépendance se voyait pour la première fois reconnaître comme une option légitime qu’il appartiendrait aux seuls habitants du territoire, le jour venu, de ratifier ou non. Une option que « l’opération 400 Cadres » allait contribuer à rendre crédible, par le rééquilibrage des responsabilités dont elle allait être l’amorce. Ce sera là l’objet de la première partie de ce séminaire. Cette opération sera présentée par François Lebouteux qui en a assuré le lancement et les premières années.
En seconde partie, c’est une autre forme de défi qu’il est question de relever : dans des pays neufs, stimuler et mobiliser les dynamiques potentielles d’économies massivement agricoles et de populations encore plus massivement illettrées, longtemps maintenues en état de dépendance et de passivité.
C’est à quoi ont voulu contribuer en 1965 à la Conférence de Téhéran les 65 États – dont une majorité récemment indépendants – en décidant la création du PEMA, le Programme Expérimental Mondial d’Alphabétisation Fonctionnelle.
Sa mise en œuvre au Mali, demandée et conduite par le Gouvernement de ce pays, alors indépendant depuis 5 ans, fera l’objet du second exposé, sur le « Projet pilote d’alphabétisation fonctionnelle ». C’est Bernard Dumont, ancien conseiller technique principal du Gouvernement Malien pour ce projet (1966-1972) qui en assurera la présentation.
Michel Levallois assurera la présidence de ce second séminaire du cycle dont Roland Colin rappellera l’intention générale.
Bien d’autres initiatives de natures et d’origines extrêmement diverses ont été prises qui entendaient, chacune à sa manière, concourir à relever les défis de l’indépendance. Des fiches sont en cours de préparation pour rendre compte de leur diversité. Elles seront accessibles sur le site Internet du Gehfa et sur celui du Centre de Documentation sur la Formation et le Travail du Cnam.
3e séance, mardi 3 décembre 2013
S’organiser et se faire entendre
Après des décennies de domination étrangère, les peuples voyaient dans la décolonisation la perspective de vivre et travailler pour une amélioration de leurs conditions d’existence.
Mais les problèmes du sous-développement ne disparaissent pas du seul fait de l’indépendance ; il n’était possible d’en sortir – c’était évident – qu’avec la participation éclairée du maximum d’habitants, surtout ruraux étant donnée leur prédominance dans la démographie et l’économie de cette époque, de l’ordre de 80%.
Parfois, ce sont les nouvelles autorités nationales qui ont adopté des politiques visant à donner aux populations les possibilités de s’impliquer et de se former pour la solution de leurs problèmes de développement : c’est le cas des diverses initiatives d’ «Animation rurale» dont parlera Roland COLIN qui en a été l’acteur dans plusieurs pays.
Le plus souvent, c’est au contact direct de difficultés que des groupes de population se sont, par l’action et avec ou sans concours extérieurs, formés à des responsabilités correspondant aux situations nouvelles : les masses rurales, confrontées aux contraintes de l’économie libérale se sont progressivement dotées de formes d’organisation leur permettant de faire respecter leurs rôles de producteurs et leurs droits de citoyens à part entière. L’histoire de quelques unes de ces formations sera présentée par Bernard LECOMTE.
Moins apparentes mais particulièrement significatives sont à cet égard les compétences acquises par les activités associatives et syndicales dans les diasporas issues de pays précédemment colonisés. Mamadou DÈME et Samba YATERA feront part de leurs propres expériences dans ces domaines.
Après un rappel, en début de séance, de l’organisation du cycle par Roland COLIN, c’est Lucien COUSIN, ancien responsable des formations rurales et des relations avec les ASI au Ministère de la Coopération, qui animera la séance.
L’accession à l’indépendance des pays anciennement colonisés a donné lieu, et jusqu’à présent, à une profusion d’actions de formations de types très divers. Des fiches sont en cours de préparation pour donner un aperçu de leur diversité. Elles seront accessibles sur les sites du GEHFA et du Centre de Documentation sur la Formation et le Travail du CNAM.
Présentation générale du cycle
La décolonisation est l’événement majeur de la seconde moitié du XXe siècle : pendant ces 50 ans, les Empires coloniaux ont disparu (GB, Pays-Bas, Italie, France, Belgique, Portugal, Espagne, Russie), le nombre des États membres de l’ONU a quadruplé. Au delà de son aspect politique, le plus apparent, la décolonisation signifie : nécessité pour les ressortissants des nations émancipées de se montrer capables non seulement de remplacer les colonisateurs mais aussi de faire face aux nouvelles fonctions et responsabilités nécessaires au développement et à l’affirmation de leurs pays.
Or, jusqu’aux années 50, les puissances coloniales n’ont le plus souvent apporté et organisé que des services éducatifs limités, sans commune mesure avec ceux de leurs métropoles ni avec les exigences de pays appelés à devenir indépendants. La décolonisation a donc donné lieu, souvent dans le cadre de « Coopérations », à un foisonnement prodigieux de formations d’adultes, dans tous les domaines, politique, administratif, technique, économique… et sous les formes les plus diverses. Certaines de ces activités formatrices ont pu faire l’objet d’études et de travaux universitaires, mais il ne semble pas exister de descriptions, recherches ou études d’ensemble. Le Gehfa a donc décidé de consacrer un cycle de séminaires à en amorcer l’exploration méthodique.
Au cours de 3 séances, diverses approches possibles de cette question (s’attachant à la forme de ces formations, à l’origine des initiatives, à leur financement, à la qualité des bénéficiaires, aux contenus,…) devraient permettre d’apprécier « l’efficacité décolonisatrice », c’est à dire repérer dans ces formations ce qui contribue à une véritable capacité d’assumer les responsabilités de l’indépendance ou ce qui prolonge la domination coloniale par d’autres voies. Sous la présidence de Roland Colin qui introduira le cycle et assurera la continuité des séances, il est prévu 3 séminaires de 2 heures et une session de récapitulation et d’ouverture :
- Le 21 mai 2013 : « Préparer et assurer les relèves ».
- Le 8 octobre 2013 : « Relever les défis de l’indépendance ».
- Le 3 décembre 2013 : « S’organiser et se faire entendre ».