Pour une histoire de la formation des adultes

8ème Biennale, Lyon, jeudi 13 avril 2006, 17-20 h

Colloque proposé par le gehfa – Coordination Françoise F. laot

L’entreprise d’histoire dans le domaine de la formation des adultes semble s’étendre et s’accélérer depuis une dizaine d’années. Plusieurs signes traduisent cette tendance. Auparavant, de nombreux ouvrages traitant de formation s’ouvraient sur une partie “ historique ” mais on trouvait peu publications d’histoire de la formation. Or depuis le milieu des années 90, plus d’une dizaine d’ouvrages, quelques livraisons de revues, des séminaires, journées d’étude et colloques ainsi qu’une collection, entièrement consacrés à l’histoire de la formation, ont fait leur apparition. Le gehfa (groupe d’étude – histoire de la formation des adultes), lui-même né en 1997, participe bien entendu de cette évolution. Les chantiers en cours : la sauvegarde et la mise en valeur des archives avec la création d’un Pôle national de conservation des archives de la formation des adultes à Bobigny, et un projet de recensement de matériel documentaire, devraient encore accentuer cette tendance en facilitant l’accès aux sources pour de nouveaux chercheurs.

Pourquoi est-il important de faire, aujourd’hui, l’histoire de la formation des adultes ? Il faut ici considérer des raisons externes au domaine et des raisons internes. Pour les raisons externes, on notera que l’entreprise d’histoire connaît des développements importants également dans des champs voisins, par exemple celui des sciences humaines, et l’on assiste à un essor des comités d’histoire dans les institutions, notamment publiques. Faut-il y voir une sorte de réflexe millénariste qui, à l’aube du 21ème siècle, pousserait à se tourner vers le passé ? Ou bien, les importantes mutations sociales que vit notre société obligeraient-elles à convoquer l’histoire comme recours propre à donner du sens à ces évolutions ? Pour les raisons internes au domaine, il est manifeste qu’une période s’achève actuellement. Une génération d’acteurs représentatifs de certaines conceptions de la formation d’adultes qui ont été élaborées au cours des 30 glorieuses (la seconde génération de “ pionniers ”) part actuellement en retraite. L’ère inaugurée par la loi de 1971 prend elle-même un virage avec l’arrivée de nouveaux dispositifs (VAE, DIF…). De profonds changements déjà à l’œuvre dans notre rapport au travail, aux études, dans l’accès à l’information… bousculeront inévitablement, dans les années à venir, le système et les conceptions actuelles de la formation.

De nombreuses questions restent à approfondir. Comment imaginer une professionnalisation des métiers de la formation sans connaissance du passé ? Comment conduire le changement d’une institution sans savoir sur quelle culture celle-ci s’est construite ? « Eclairer le rôle que joue le passé dans le présent, c’est contribuer à élargir la fonction critique de l’histoire » écrit G. Noiriel. Concourir à donner un peu d’épaisseur, de contrastes, de relief à un domaine qui apparaît aujourd’hui un peu trop lissé par des décennies de discours managérial, réinterroger le lien entre formation et éducation, rendre à nouveau problématique, pour les acteurs eux-mêmes, trop souvent privés de mémoire, cette nouvelle nécessité ( ?) de « se former tout au long de la vie », tel est le « devoir d’histoire » auquel nous convions les participants de la 8ème Biennale de l’éducation et de la formation.

En quoi des travaux d’histoire peuvent-ils éclairer les questions

qui se posent aujourd’hui dans le champ de la formation des adultes ?

Programme

Pour une socio-histoire de la formation,

Guy Brucy, Université d’Amiens

The Miracle of Nordic (Finnish) Adult Education : Myths and Realities.

Anja Heikkinen, Université de Tampere, Finlande.

La formation d’une élite ouvrière à EDF : permanence éducative.

Jean-Marc Huguet, historien de la formation.

L’émergence des métiers de la formation des adultes (1965-2000)

Emmanuel de Lescure, Docteur en sociologie, Université de Provence, LAMES (Laboratoire méditerranéen de sociologie).

Animation des débats,

Françoise F. Laot, Université de Paris 5, CERLIS, Présidente du gehfa

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