La longue histoire inachevée de la formation à distance (1840-2012)

Séances

  • 4 décembre 2012
  • 5 février 2013
  • 26 mars 2013

Coordination Viviane Glikman, chercheur en science de l’éducation

Parmi les diverses modalités de formation des adultes (stages, cours du soir, formations en alternance…), la formation à distance (« FAD ») occupe une place particulière et significative, à la fois historiquement et dans le contexte actuel.

La FAD existe de longue date, sous des formes diverses. Apparue au milieu du XIX e  siècle avec les cours par correspondance, elle a ensuite recouru à l’audiovisuel, puis à l’informatique et, depuis une dizaine d’années, s’affirme de plus en plus souvent sur Internet avec des formations en ligne. De nouvelles notions ont vu le jour : « formations ouvertes et à distance » hybridant présence et distance, « e-learning », « m-learning » qui en précisent les modes d’accès…

Temps de l’imprimé, de la radiodiffusion, de l’informatique et des réseaux pourraient constituer une périodisation de la FAD… Cependant, les médiatisations techniques, dont les usages éducatifs sont souvent abusivement assimilés à cette modalité de formation, n’en sont qu’un des éléments. La FAD se caractérise aussi par une série d’autres spécificités qui se sont également renouvelées au cours des décennies : objectifs (commerciaux, sociaux…), organisation (plus ou moins industrialisée), organismes porteurs, publics inscrits (dont les effectifs et les motivations ont évolué), méthodes pédagogiques et situations d’apprentissage (forte exigence d’autonomie, importance des taux d’abandons, fréquent sentiment d’isolement désormais combattu par les possibilités d’échanges interpersonnels et de travaux collaboratifs…), acteurs institutionnels dont les rôles ont été modifiés, avec l’émergence de nouvelles fonctions (responsables de projets, concepteurs de cours, tuteurs, équipes techniques…).

Cette histoire, abordée pour la première fois au Gehfa, occupera trois séances du séminaire, à partir de décembre 2012. Chaque séance proposera un « zoom » sur une des composantes essentielles de l’histoire de la FAD, les technologies utilisées, les pédagogies à l’œuvre, les organismes, mettant en évidence les permanences et transformations qui ont marqué cette histoire. Le « fil rouge », assuré par Viviane Glikman, replacera ces interventions dans l’histoire des dispositifs de FAD, de leurs usages et de leurs enjeux éducatifs et socio-économiques.

Programme

Histoire des technologies de l’information et de la communication dans la formation à distance

mardi 4 décembre 2012

Intervenant : Jacques Wallet , professeur en Sciences de l’éducation à l’université de Rouen et en charge de la réalisation et de l’expertise de divers projets de FAD.

Les cours par correspondance recourant uniquement à l’imprimé et au courrier postal, apparus à partir de 1840, perdurent jusque dans la première moitié du XX e  siècle. Ils sont ensuite complétés par différents supports audiovisuels (films, émissions de radio et de télévision, cassettes audio et vidéo) et par leur combinaison dans des « multi-médias ». Dans les années 1980, l’accélération du progrès technique entraîne le développement des « TICE » (technologies de l’information et de la communication pour l‘éducation), avec la télématique et, surtout, l’informatique. Un discours récurrent sur le bouleversement des dispositifs de formation a accompagné chaque nouveauté technologique, mais, pour des raisons qui seront explicitées, les impacts en furent souvent limités. Cependant l es usages d’Internet se généralisent et intègrent désormais ces divers moyens dans des dispositifs de FAD offrant ressources pédagogiques et services en ligne, notamment sur des « plates-formes » numériques…

Histoire des formes pédagogiques mises en œuvre dans les formations à distance

Mardi 5 février 2013

 Intervenante : Geneviève Jacquinot , professeur émérite de l’Université Paris 8, titulaire de l’ancienne chaire Unesco/Resafad/Togo, membre du CEMTI (équipe de recherche de Paris 8) et de l’ISCC/CNRS.

Ce n’est jamais par la technologie que la révolution arrive… en pédagogie comme ailleurs ! Avec ou sans médiation technique, donc avec ou sans distance, toutes les pédagogies sont possibles et ont été ou sont actualisées : le cours magistral a été filmé puis télévisé et peut être e-diffusé, le travail collaboratif s’est fait en présentiel avant de se faire sur des réseaux numériques, l’enseignement audiovisuel ou programmé a tenté de (re)produire les conditions d’un apprentissage progressif, la traditionnelle correction de copies s’est maintenue dans les centres de formations à distance, etc.

Et pourtant… La contrainte de la distance physique qui sépare, quelles qu’en soient les raisons, ceux qui veulent apprendre et ceux qui peuvent enseigner a entraîné un certain nombre de changements qui ont été autant de « provocations » par rapport aux modalités classiques de l’enseignement en face-à-face, notamment au plan pédagogique. On étudiera à travers différents exemples de dispositifs de FAD, comment (et à quelles conditions) les évolutions technologiques, en apprivoisant la distance et en tentant de supprimer l’absence, ont contribué à faire évoluer les formes pédagogiques jusqu’à faire de la distance un atout et à irriguer les pratiques de l’enseignement présentiel, voire les hybrider.

Ecoutez cette séance du séminaire : Début du séminaire  // Fin du séminaire

Histoire d’organismes de formation à distance

Mardi 26 mars 2013 

Intervenants : Louise Bertrand , professeur à la Télé-université du Québec, ancienne directrice de cet organisme et actuellement à l’OIF (Organisation internationale de la francophonie). Jean-René Bourrel , ancien directeur du Développement au CNED et principal auteur d’une publication sur l’histoire de l’établissement.

Sera retracée l’histoire de deux organismes emblématiques de la formation à distance : le Cned (Centre national d’enseignement à distance), le plus important et le plus ancien organisme public de FAD en France, créé en 1939, qui revendique aujourd’hui plus de 200 000 inscrits, dont 2/3 d’adultes, et la Téluq (Télé-université du Québec), université francophone à distance, créée en 1972 et regroupant quelque 18 000 étudiants.