Mardi 2 décembre 2014 – 15 h 30 – 17 h 30
ETSUP, 8 villa du Parc Montsouris 75014 Paris
Histoire de la formation et de la professionnalisation
dans la gendarmerie et la police
La fabrique du gendarme. Formation et instruction professionnelle dans une institution militaire (XVIIIe – XXe siècles)
Intervenant : Édouard Ebel, docteur en histoire et auteur d’une thèse sur la police en Alsace (1800-1870) ainsi que d’ouvrages et articles sur l’histoire du maintien de l’ordre, la police et la gendarmerie.
Lieutement-colonel, chef de la division gendarmerie du Département Études, enseignement et recherche du Service historique de la Défense, à Vincennes.
Il s’agit de mieux comprendre les étapes d’une professionnalisation menant à la spécialisation de la gendarmerie dans différents domaines de la sécurité publique au XXe siècle.
Les policiers et leur(s) formation(s) – Historique et évolution de la professionnalisation des policiers
Intervenant : Jean-Michel Schlosser, doctorant au laboratoire du Cérep( Centre d’études et de recherches sur les emplois et les professionnalisations) à l’université de Reims
A partir de quand, s’agissant d’une histoire très récente, les policiers français ont-ils commencé à être formés, ou à se former ? Sur quelles bases politiques et pédagogiques, selon quels enjeux et pour quelles finalités ? Quelles sont les étapes historiques marquantes de la formation de ces fonctionnaires un peu particuliers, qui dans l’exercice de leur métier, contribuent autant à l’idée de liberté qu’à la restriction même de cette notion fondamentale du vivre en société.
Qu’en est-il de la promotion sociale dans ce contexte ?
Jean-Michel Schlosser, lui-même policier pendant 35 ans, dont plus de 10 à la formation, développera cette problématique en s’appuyant sur une connaissance interne de l’Institution, augmentée et recoupée par un travail de documentation et d’analyse de documents internes sur plus de 50 ans, ainsi que des entretiens, encore en cours, auprès des hauts responsables administratifs ayant eu ou ayant encore en charge les destinées de la formation de la police nationale ou de sa mise en œuvre au cours des trente dernières années.
Présentation du cycle de sémaires
- 20 mai 2014 : La formation des futurs officiers : intégration et socialisation
- 7 octobre 2014 : Les chantiers de la jeunesse (1940-1944), des jeunes embrigadés ?
- 2 décembre 2014 : La formation dans la gendarmerie (en cours de définition)
Coordination Christiane Étévé et Noël Terrot
Poser la question de l’histoire de la formation à l’armée semble une évidence : n’est-elle pas permanente dans une institution qui assure la défense et la sécurité du pays ? L’avancement dans les grades, s’il se fait, surtout, en temps de guerre sur les champs de bataille, a lieu, en temps de paix, sur d’autres critères, comme l’ancienneté ou de nouvelles compétences que de nouvelles missions exigent.
La formation militaire implique une bonne connaissance professionnelle autant qu’une formation académique et humaine mais aussi la constitution d’un esprit de corps et l’adhésion à des valeurs nationales.
Au-delà de la formation initiale et promotionnelle interne, l’armée, depuis toujours, a rempli un rôle essentiel en matière de promotion sociale et d’éducation du peuple. Dès l’Empire, le tampon « Sait lire et écrire » (le fameux SLEC du Livret militaire) a entraîné la mise en place de cours d’alphabétisation pour ceux qui ne le possédaient pas. En cela, cette action est comparable à ce qui s’est fait tout au long du XIXè siècle dans les cours d’adultes et la lutte contre l’illettrisme s’est continuée jusqu’à la fin du service militaire obligatoire. A cet égard, notons, dans ce domaine, le rôle considérable des enseignants du contingent.
En outre, le brassage des catégories de population entre conscrits, a constitué un facteur important de socialisation.
Ajoutons encore, la création des Écoles des Enfants de Troupe, écoles d’abord techniques, puis également générales, après la Libération, bien dans l’esprit de celle-ci.
Ces écoles techniques, en particulier dans la Marine et l’Aviation, mais aussi dans l’Armée de terre, sont une des formes majeures de la politique de formation initiale et d’actualisation des connaissances pour l’industrie.
La question de la promotion sociale grâce à l’armée est donc légitime même si les travaux d’histoire connus n’abordent pas directement cette problématique.
Nous l’interrogerons toutefois à travers les comptes rendus des trois interventions prévues exprimant, pour la première, la culture propre aux officiers dans la Grande école qu’est St Cyr, le travail de rééducation morale et de formation sous Vichy dans les Chantiers de jeunesse pour la seconde, et, enfin l’évolution de la gendarmerie pour la troisième.
Mardi 20 mai 2014 : La formation des futurs officiers : intégration et socialisation
Dans le cadre de son intervention, Claude Weber, maître de conférences en sociologie aux écoles de Saint-Cyr Coëtquidan (ESCC) reviendra sur les trois années de suivi d’une promotion de Saint-Cyriens, sur la méthodologie mise en place et l’enquête de terrain réalisée.
Il dressera le(s) profil(s) des élèves et exposera les logiques, pratiques et processus en présence dans le cadre de la socialisation des nouvelles recrues au cours de l’ensemble de leur formation militaire, académique et humaine (rôles des cadres et des élèves plus anciens, importance des traditions, etc.).
D’après Á genou, les hommes… debout, les officiers – la socialisation des Saint-Cyriens, Presses Universitaires de Rennes, juin 2012, 405 p.
Sarah Tiéno, doctorante, présentera son travail sur Les bénéficiaires des dispositifs dits « d’ouverture sociale » au Lycée militaire d’Aix-en-Provence.
Équipe d’accueil ADEF, laboratoire J. Ginestié, co-direction de thèse : Hélène Buisson-Fenet, UMR Triangle (ENS Lyon).
Mardi 7 octobre 2014 : Les Chantiers de la Jeunesse (1940-1944), des jeunes embrigadés ?
Christophe Pécout, chercheur à l’ER3S (Équipe Septentrionale Sport et Société, université Lille 2), auteur de « Les chantiers de la jeunesse et la revitalisation physique et morale de la jeunesse française-1940-1944, L’Harmattan, 2007 (Espace et Temps du sport).
Les Groupements de Jeunesse devenus les Chantiers de la Jeunesse naissent par la loi du 31 juillet 1940. Service civil obligatoire de huit mois, celui-ci mobilise tous les citoyens masculins français âgés de vingt ans, résidant en zone libre. On estime à 400000, le nombre de jeunes ayant participé à ce stage entre juillet 1940 et juin 1944.
Appréhender, aujourd’hui, l’histoire des Chantiers de la Jeunesse c’est se confronter à deux thèses complètement contradictoires, la première prétend qu’ils sont une armée secrète (thèse défendue par les anciens des Chantiers) alors que la seconde affirme, au contraire, qu’ils sont un outil d’encadrement au service de Vichy (thèse défendue par les historiens du temps présent).
Le travail de thèse de C. Pécout s’inscrit dans cette seconde perspective puisqu’il s’agissait de démontrer que les Chantiers de la Jeunesse notamment à travers le prisme de leurs pratiques physiques, éducatives et pédagogiques, visaient à embrigader la jeunesse.
Ne peut-on se demander, néanmoins, comme pour le service militaire obligatoire, si les Chantiers de Jeunesse n’ont pas été des lieux de socialisation et de professionnalisation ?